Illustration (Droits réservés / E.Legouhy / Nexity).

V.Bédague (Nexity) : “nous sommes des professionnels légitimes”

Entre le gouvernement et la Banque de France qui assurent que tout va bien dans le logement, Véronique Bédague s’étonne qu’Emmanuel Macron n’écoute pas davantage les professionnels du secteur, même si elle comprend qu’il a sûrement d’autres priorités à traiter (réforme des retraites, guerre en Ukraine, crise de l’énergie…).

Alors que le volume de vente a fortement baissé en 2022, à cause de niveaux de prix toujours très élevés (aussi bien pour les maisons que pour les appartements) et des taux d’intérêts qui ont violemment augmenté, les promoteurs immobiliers ont de quoi êtres inquiets. Pour Véronique Bédague, le gouvernement d’Elisabeth Borne et la Banque de France ne mesurent pas pleinement la gravité de la situation en leur assurant que tout va bien. Les professionnels du secteur n’ont pas l’impression d’être écoutés, eux qui sont pourtant en première ligne. Pour certains économistes à Bercy, la France n’aurait pas besoin de logements neufs supplémentaires, estimant qu’il y a suffisamment de résidences secondaires et que le taux de logements vacants (10% environ) est loin d’être marginal. Pourtant, sur le terrain, la PDG de Nexity observe une crise du logement : entre un marché de la location est de plus en plus tendu (avec deux fois moins d’offres et toujours plus de demandes), des résidences étudiantes de plus en plus occupées, des primo-accédants qui ont besoin d’avoir accès au logement et certaines entreprises qui peinent à recruter faute de logements pour leurs personnels (chauffeurs de bus, infirmiers…).

Il y a un décalage entre la réalité que vit au quotidien le monde économique et les indicateurs qui remontent au sommet de l’Etat. Ces indicateurs regardent en arrière. Le monde économique n’est pas assez écouté, il est trop souvent considéré comme un lobbyiste. Mais avant d’être des lobbyistes, nous sommes des professionnels légitimes à dire ce qui se passe dans la vraie vie. Mais peut-être que la présidence n’est pas la bonne porte d’entrée. Entre la guerre en Ukraine, l’instabilité en Europe, les problèmes énergétiques, la réforme de la retraite, Emmanuel Macron est très occupé. Je lui dis néanmoins qu’il faut se préoccuper du problème du logement, même si son gouvernement pense qu’il n’y a pas de problème“, regrette Véronique Bédague, la PDG du promoteur Nexity, dans un entretien accordé à La Tribune. Preuve que l’immobilier va mal : les particuliers ont vu leur pouvoir d’achat diminuer, les contraignant à renoncer en un an à 8m² de surface habitable, tandis que les investisseurs et les institutionnels se désintéressent de la pierre par manque de rentabilité.