Illustration (olayola / Freepik / ImmoPotam).

Hausse des loyers : les propriétaires attendaient des contreparties

Si le plafonnement de la hausse des loyers devrait être reconduit au-delà de juin 2023, les propriétaires s’étonnent que le gouvernement revienne sur un engagement sans leur proposer la moindre contrepartie. Les bailleurs vivent cette mesure comme une véritable injustice et que le signal qui leur est envoyé est particulièrement inquiétant.

A l’été 2022, au moment où l’inflation était galopante en France, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances, s’était engagé à ce que la hausse des loyers soit limitée au maximum à 3,5% jusqu’en juin 2023. Pour parvenir à cette mesure gelant l’Indice de Référence des Loyers (IRL), le gouvernement avait promis aux propriétaires que ce serait provisoire, que ce ne serait reconduit au-delà de son échéance. Mais pour Pierre Hautus, ancien directeur général de l’Union Nationale des Propriétaires Immobiliers (UNPI), il s’agit d’un véritable coup dur pour tous les bailleurs du pays puisque l’exécutif revient sur ses engagements et que cela se fait essentiellement en leur défaveur. Il rappelle que ce dispositif constitue déjà un effort financier de 705 millions d’euros assumé par les bailleurs et qu’en plafonnant à nouveau les loyers, le manque à gagner devrait représenter 1,3 milliard d’euros. Le gouvernement et les parlementaires, s’ils venaient à prolonger le plafonnement des loyers, oublient que les propriétaires sont eux aussi confrontés à l’inflation et doivent assumer leurs obligations (travaux de rénovation, taxe foncière…). Il ne comprend pas que l’on puisse demander aux bailleurs de faire un effort, sans tenir compte d’un équilibre et sans leur proposer la moindre contrepartie, reprochant au ministère de la Ville et du Logement de privilégier la voie parlementaire pour revenir sur un accord. S’il comprend que l’on puisse chercher à protéger les locataires en faveur de leur pouvoir d’achat, de leur capacité à payer le loyer et de leur capacité à vivre normalement, cela n’est pas le bon signal envoyé aux investisseurs immobiliers dans une période où l’accès au logement est de plus en plus difficile, que la construction de nouveaux logements manque cruellement d’investisseurs.

Premièrement, l’augmentation de l’IRL, c’est un maximum. Personne n’a l’obligation d’augmenter le loyer de l’indice qui paraît régulièrement pour revaloriser les loyers des locataires. Deuxièmement, l’an passé, on s’était mis d’accord, de manière concertée avec l’ensemble des acteurs autour du ministre de l’Economie, autour d’un chiffre qui était calculé et qui a permis le consensus. Donc on a conscience, évidemment, en tant que propriétaire, en tant que gestionnaire de biens / administrateur de biens, qu’il faut garder un équilibre dans les choses“, rappelle Pierre Hautus, le délégué général de Plurience, sur le plateau de BFM Business. Quelques jours plus tôt, Emmanuel Macron avait assuré que l’immobilier était un paradis pour les investisseurs immobiliers.

Emma Petit-Berthelot

Contributrice pour ImmoPotam.com. Sujets de prédilection : emploi, Ile-de-France, ancien / récent, loi Carrez, prêt classique... Tous ses articles