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Taux d’intérêt trop bas : l’anesthésiant du marché immobilier ?

Grâce à des taux d’intérêts attractifs ces dernières années, le marché de l’immobilier a pu prospérer. Mais pour Jacques Ehrmann (Altarea), maintenant qu’ils sont revenus à un niveau normal, les ménages ont perdu leur pouvoir d’achat et toutes les défaillances qui se sont accumulées ont contribué à rendre la construction de logements beaucoup trop onéreuse.

Pour Jacques Ehrmann, si le marché de l’immobilier dans sa globalité est aujourd’hui en difficulté, c’est d’abord parce que les acquéreurs ont longtemps pu bénéficier d’un financement bon marché et c’est ce qui a permis de dissimuler de nombreux disfonctionnements. Le directeur général d’Altarea considère que cet argent magique distribué abondamment a créé une illusion et a permis dans le même temps de multiplier les coûts, les normes, les chartes et les exigences sans tenir compte des réalités. Aujourd’hui, avec des taux d’intérêts revenus à des niveaux normaux, les ménages réalisent tout ce qu’ils doivent payer et ils se retrouvent confrontés à un réel problème de pouvoir d’achat. Il reconnaît que les promoteurs ont aussi été encouragés à alimenter cette spirale inflationniste en achetant au prix fort les quelques terrains disponibles sur le marché tout en se faisant concurrence entre eux, ce qui finit par faire grimper le prix des logements.

Le taux, c’était l’anesthésiant qui a fait qu’on n’a pas souffert de tous les disfonctionnements qu’on a mis en place pendant dix ans. Vous arrêtez le shoot, ça fait mal parce que toutes les difficultés, tout ce qui s’est accumulé pendant dix ans remonte à la surface. Le taux, c’était le catalyseur, l’anesthésiant de la situation précédente : vous enlevez le taux favorable, le crédit abondant et pas cher, tout remonte à la surface et c’est cela la véritable crise du logement. Elle est sur le social, l’intermédiaire, le libre, l’accession, l’investissement, le neuf, l’ancien, la location, la propriété : elle est partout ! Le taux, s’il baisse, c’est mieux. Mais il reste tous les autres problèmes“, remarque Jacques Ehrmann, le directeur général d’Altarea, sur les ondes de Radio Classique. Véronique Bédague (Nexity) admet elle aussi que la hausse des taux d’intérêts joue “un rôle majeur” dans la crise immobilière actuelle. Pour lutter contre la hausse des prix dans l’immobilier, Emmanuelle Cosse (USH) est favorable à ce que le coût des terrains puisse être encadré. En avril 2024, L’Observatoire Crédit Logement / CSA a enregistré un taux d’intérêt moyen de 3,81%, ce qui constitue le quatrième mois consécutif de baisse.

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Emma Petit-Berthelot

Contributrice pour ImmoPotam.com. Sujets de prédilection : emploi, Ile-de-France, ancien / récent, loi Carrez, prêt classique... Tous ses articles