Illustration (pierre9x6 / Pixabay / ImmoPotam).

Prêt immobilier : les banques préfèrent traiter en direct

Le taux d’usure, qui a vocation à protéger les emprunteurs, crispe aussi les établissements bancaires. Dans une économie très inflationniste, les banques réalisent que l’évolution du taux d’usure est beaucoup trop lente pour leur permettre de réaliser une activité rentable.

Si la tendance avait déjà été observée ces dernières semaines, de plus en plus d’établissements bancaires ont décidé de ralentir la cadence quant à l’octroi d’un prêt immobilier. En effet, alors que les taux n’ont de cesse d’augmenter depuis le début de l’année, les banques estiment ne pas gagner suffisamment d’argent sur le prêt immobilier et mettent en cause le taux d’usure qui n’évolue pas assez vite à leur goût. Ce taux d’usure, qui est réactualisé chaque trimestre par la Banque de France, vise à protéger les particuliers pour empêcher les établissements bancaires de proposer des conditions d’emprunts abusives. Au 1er avril 2022, le taux d’usure était plafonné à 2,40% pour un prêt à taux fixe d’une durée de 20 ans ou plus. Dès lors, avec un taux moyen à 1,49% (hors assurance) sur une durée de 25 ans, les banques réalisent qu’il leur être très difficile de défendre une politique de marges sur des profils déjà bien endettés. Au-delà de cette contrainte tarifaire, les banques ont alors moins de souplesse pour continuer à rémunérer aussi leurs apporteurs d’affaires (courtiers, agents immobiliers…) et préfèrent se montrer plus exigeantes avec eux ou à traiter uniquement les clients sans intermédiaire (Société Générale, Crédit du Nord, Crédit Agricole…). En 2021, 39% des emprunteurs avaient fait appel à un courtier

Société Générale n’a pas arrêté la production de crédit immobilier pour ses clients et prospects dont les dossiers sont étudiés comme à l’habitude au cas par cas. Néanmoins, compte tenu des modalités de calcul et de définition du taux d’usure qui ne reflètent pas la brusque et rapide remontée des taux observée depuis début 2022, la banque a décidé d’arrêter temporairement le recours aux prescripteurs (courtiers, agences immobilières locales, etc.) dont la part dans la production de crédit immobilier n’est pas significative“, assure un proche de la Société Générale à BFM Business. Pour remédier à cette situation ubuesque et pour mieux dynamiser le marché, le ministère de l’Economie et des Finances pourrait se rapprocher de la Banque de France pour définir de nouvelles règles de calculs concernant le taux d’usure. En attendant, ce taux d’usure sera réactualisé le 1er juillet prochain et certains spécialistes craignent que le prêt immobilier puisse franchir le seuil des 2% d’ici la fin de l’année.