Illustration (Freepik / ImmoPotam).

Les diagnosticiens peu emballés par une pondération du DPE

Si le gouvernement envisage de pondérer le calcul du Diagnostic de Performance Energétique (DPE) pour ne pas pénaliser les petites surfaces, les professionnels du secteur ne sont pas enthousiastes devant cette idée. Ils craignent que cela puisse déformer la réalité et n’encouragera finalement pas les propriétaires à rénover leurs logements.

Evoqué par Bruno Le Maire (Economie & Finances) et confirmé par le premier ministre Gabriel Attal, le calcul du Diagnostic de Performance Energétique (DPE) pourrait à nouveau connaître quelques ajustements. Dans le courant du mois de février, Christophe Béchu (Transition Ecologique & Cohésion des Territoires) a prévu de faire évoluer le calcul du DPE pour respecter le calendrier établi et que les petites surfaces retrouvent un classement énergétique plus honorable. Au premier trimestre 2023, la FNAIM observait, via son baromètre des DPE, que la part de passoires thermiques est plus importante pour les logements de moins de 30m² (30,1% sont classés F ou G). Pour corriger ce désavantage métrique, il serait question d’intégrer un coefficient pondérateur pour que moins de petites surfaces ne soient classés F ou G, ce qui empêcherait les bailleurs de mettre leurs biens sur le marché de la location (en France métropolitaine et dans les DOM) ou d’augmenter les loyers. Avec cette nouvelle règle, près de 140.000 logements ne seraient plus considérés comme une passoire thermique. Pour les professionnels de l’immobilier, si ce nouvel ajustement peut paraître incompréhensible et injuste pour les propriétaires qui ont déjà réalisé leurs DPE, le gouvernement assure qu’une mise à jour pourra être faite gratuitement et en ligne. Pour les diagnosticiens, mettre en place un coefficient pour favoriser les petites surfaces est surtout une façon de déformer une réalité et cela n’encouragera finalement pas les propriétaires à rénover leurs logements, ce qui sera contre-productif pour le climat. Pire, une fois le logement rénové, une étude montre que les ménages prennent de mauvaises habitudes en modifiant leurs comportements de consommations.

Oui, c’est une réalité, le DPE pénalise les petites surfaces, c’est arithmétique : dans un petit appartement, les surfaces déperditives sont plus grandes par rapport à la taille du bien. Et dans la plupart des cas, il est équipé de manière disproportionnée par rapport au besoin. […] Maintenant, changer la mesure obtenue, c’est tordre la réalité, bidouiller le DPE alors que c’est son interprétation qu’il faudrait modifier. […] Au final, les petits logements vont faussement remonter d’une ou deux catégories, ce qui rassurera leur propriétaire qui fera moins de rénovations, ce qui est regrettable car, en réalité, ces petites surfaces consomment effectivement plus“, remarque Jean-Christophe Protais, le président du SIDIANE (Syndicat Interprofessionnel du Diagnostic Immobilier, de l’Analyse et de la Numérisation de l’Existant), dans les colonnes du Parisien. Dernièrement, Jacques Baudrier (PCF) a écrit à Gabriel Attal pour qu’il reporte le calendrier interdisant la location des pires passoires thermiques. Toutefois, la politique du gouvernement commence à porter ses fruits : entre le 1er janvier 2022 et le 1er janvier 2023, le nombre de passoires thermiques a baissé de 7% (soit 592.000 logements en moins). Hello Watt propose une carte interactive et gratuite pour estimer en quelques clics le DPE d’un logement.

Emma Petit-Berthelot

Contributrice pour ImmoPotam.com. Sujets de prédilection : emploi, Ile-de-France, ancien / récent, loi Carrez, prêt classique... Tous ses articles