Illustration (Freepik / ImmoPotam).

12.900 hectares de terres agricoles et naturelles rongées en 2023

La Fédération Nationale des SAFER (Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural) estime que la France a perdu 12.900 hectares de terres agricoles et naturelles en faveur de l’urbanisation. Toutefois, l’artificialisation des sols est en repli depuis plusieurs années et jamais ce chiffre n’avait été aussi bas sur les trente dernières années.

Les SAFER (Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural), dans le cadre de leur mission de service public, assurent la transparence des marchés fonciers ruraux : pour cela, elles sont informées par les notaires de tous les projets de ventes qui concernent des biens immobiliers ruraux depuis 1962 et reçoivent les informations sur les cessions de parts ou actions de sociétés agricoles. Ainsi, le Groupe SAFER observe que les surfaces destinées à l’artificialisation des sols s’élèvent à 12.900 hectares en 2023 (soit une baisse de 29,0% en un an), que le nombre de transactions concernent 17.550 unités (-31,3% par rapport à 2022) et que la valeur globale des parcelles cédées est de 2,68 milliards d’euros (-35,3% en un an). Pour expliquer un tel changement, les SAFER estiment que le marché de l’urbanisation subit un contexte macro-économique défavorable en étant impacté par l’inflation, l’augmentation des coûts de construction, le durcissement bancaire et la mise en application de politiques d’aménagements en faveur de l’environnement (loi Climat & Résilience de 2021). La baisse du nombre de logements autorisés à la construction (-23,7% en un an, soit 115.900 unités en moins) et le repli des ouvertures de chantier (-22% en un an, soit 80.800 unités en moins) ont certainement eu un impact sur le ralentissement de l’artificialisation des sols en 2023.

En 2023, la France a encore perdu 13.000 hectares d’espaces agricoles et naturels destinés au marché de l’urbanisation. A cette artificialisation s’ajoute un phénomène pernicieux qui menace directement notre patrimoine agricole et rural : la consommation masquée du foncier agricole. Il s’agit d’achats de terres par des non-agriculteurs conduisant à un changement d’usage. Nous dénonçons aujourd’hui cette réalité préoccupante. Grâce à de nouveaux indicateurs, nous disposons pour la première fois de données nationales sur cette consommation masquée, révélant qu’entre 15.000 et 20.000 hectares par an sont détournés de leur vocation agricole“, explique Emmanuel Hyest, le président de la Fédération Nationale des SAFER (Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural), dans un communiqué de presse. Pour lutter contre la hausse des prix dans l’immobilier, Emmanuelle Cosse (USH) est favorable à ce que le coût des terrains puisse être encadré, comme cela avait pu aussi être envisagé par Emmanuelle Wargon. De leur côté, face à l’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN), les promoteurs s’adaptent pour dénicher des zones qui sont déjà artificialisées (Vinci Immobilier promet zéro artificialisation des sols sans attendre la loi Climat & Résilience, Nexity a présenté Nexity Héritage afin d’accélérer la décarbonation dans l’immobilier et s’est associé à Carrefour pour réaliser des opérations de mixités urbaines).

Emma Petit-Berthelot

Contributrice pour ImmoPotam.com. Sujets de prédilection : emploi, Ile-de-France, ancien / récent, loi Carrez, prêt classique... Tous ses articles