Illustration (geralt / Pixabay / ImmoPotam).

5 questions à… Tiphaine Chabert (Médiat’aide)

S’il existe de nombreuses raisons pour générer des conflits entre voisins (nuisances sonores, travaux, incivilités…), Tiphaine Chabert (Médiat’aide) apporte son expertise dans la médiation de voisinage pour qu’un désaccord débouche sur une solution et favorise le vivre ensemble. Pour ImmoPotam, elle nous présente son quotidien et son expertise.

Après plusieurs vagues de confinements, j’imagine que les conflits entre voisins ont dû s’accentuer et vous avez été particulièrement sollicitée… Parlez-nous de votre activité !

En fait au-delà de sollicitations personnelles, c’est la médiation qui a pu sortir de l’ombre grâce aux confinements successifs. Mon entreprise (Médiat’aide), créée fin 2020, m’a permis une large communication sur la médiation de voisinage, jusque-là méconnue, en m’appuyant sur une loi de 2020 qui concerne les troubles de voisinage. J’ai eu une dizaine de demandes de médiation via mon site et la cour d’appel de Paris qui me permettent à chaque fois d’informer, d’écouter et de médier certaines d’entre elles. Pouvoir mener une médiation, avec un engagement des deux parties, demande du temps, de la patience et de la confiance mutuelle. Quand la convention est signée et que la médiation est lancée, c’est une chance pour les voisins face à face de s’exprimer librement sur leurs propres ressentis. En fin de processus, c’est aller ensemble vers des solutions d’apaisement concernant les troubles ou conflits comme les nuisances sonores, les insultes, les désagréments, les souffrances… La médiation entre voisins apporte de merveilleuses surprises quand on voit des sourires revenir et une communication rétablie.

Quelle serait la plus belle rencontre que vous ayez faite dans l’immobilier ?

Je n’ai pas de contact particulier avec le monde de l’immobilier que je n’arrive pas à atteindre malgré ma large communication. Fin 2021, j’ai posé ma candidature à l’appel à recherche “(Ré)gé(né)rer les copropriétés” dans le cadre du projet PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture) mené par Eva Simon. J’ai ainsi présenté mon sujet de médiation de voisinage et de copropriété en mettant en avant le besoin de dimension humaine dans le fonctionnement d’une copropriété. Ma candidature n’a pas été retenue car elle apparaissait en-dehors du champ de cet appel à recherche. Néanmoins, certains membres du jury ont été intéressés par mon questionnement et il est possible qu’ils reviennent vers moi dans un cadre autre que cet appel à projet. J’ai aussi présenté mes missions de voisinage à un syndic indépendant en espérant concrétiser des offres au sein de ses copropriétés. Alors de belles rencontres sont sûrement à venir !

Avec votre expérience dans l’immobilier : quelle serait l’anecdote la plus croustillante ?

Mon activité de médiateure n’est pas liée strictement à l’immobilier puisque je suis médiateure généraliste. En revanche, je sais qu’il y a un réel besoin de ramener de l’humain dans les copropriétés. Les anecdotes sont liées aux Fêtes des Voisins que j’ai pu proposer dans ma propre copropriété au moment de ma reconversion. Elles ont créé de véritables amitiés durables entre numéros voisins. Elles ont manqué aux résidents pendant les confinements ce qui me conforte dans l’idée que les gens ont besoin de contact et de liens pour se comprendre et aller vers l’autre.

Après une multitude de confinements, comment voyez-vous évoluer ce secteur d’activité ?

Tout reste à faire pour inscrire la médiation de voisinage dans le secteur immobilier avec de belles perspectives. Plébiscitée par la justice depuis le 1er janvier 2020 lorsqu’elle est relative aux litiges de voisinage, elle peut rapidement et facilement se mettre en place avec des avantages par rapport à une procédure judiciaire longue et coûteuse. Confier les conflits de voisinage à un médiateur spécialiste de la relation complète l’offre des professionnels qui peuvent ainsi faire appel à un tiers neutre et impartial. Aussi, j’imagine proposer des missions de médiation à des fédérations de syndics, des bailleurs privés et publics, des cabinets de gestion immobilière, des réseaux de copropriétaires, des syndics indépendants et bénévoles. Outre le lien avec la justice, c’est aussi l’idée que la médiation sort du contexte judiciaire puisqu’elle est basée sur la dimension humaine. Elle peut devenir un réflexe si elle est connue et reconnue par les professionnels de l’immobilier. Diffusée largement, cela peut être un formidable outil de communication pour tous.

Vous êtes ministre du Logement dans un prochain gouvernement* : que feriez-vous en faveur de l’immobilier et du BTP ?

Je mettrais du lien entre bailleurs sociaux et résidents pour que les professionnels diffusent leurs actions et qu’ils puissent se rencontrer. Je mettrais une priorité sur la rénovation et la modernisation des logements sociaux actuels. Je redéfinirais le rôle des bailleurs sociaux ainsi que l’offre et les services apportés aux résidents. J’organiserais des concertations et des rencontres dans chaque département à la rencontre d’habitants volontaires qui témoignent de leurs besoins en fonction du logement qu’ils occupent. J’aimerais ensuite présenter cela aux professionnels de l’immobilier pour y apporter des réponses concrètes et réalisables.

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*L’interview a été réalisée avant l’élection présidentielle de 2022 : la réponse est dissociée de l’actualité et de tout partisanisme politique.