Illustration (Drazen Zigic / Freepik / ImmoPotam).

5 questions à… Thibault Ponserre (Viagimmo)

Titulaire d’une licence en Assurance, Banque & Finance, Thibault Ponserre est expert-viagériste et bénéficie de sept années d’expérience. Il y a deux semaines, en famille, il a pu inaugurer une agence Viagimmo à Lyon (69) et nous présente les spécificités de son activité ainsi que sa vision de l’immobilier.

L’immobilier se digitalise de plus en plus et, dans le même temps, vous êtes spécialisé dans le viager. Dans votre cas, le numérique n’est pas un obstacle ?

Nous proposons nos services à des seniors souvent âgés de plus de soixante-dix ans. On se rend compte qu’il y a ceux qui ont pris le virage du numérique et qui sont à l’aise avec l’envoi de mails, de documents scannés, en recherches Internet… Ceux-là sont souvent allés voir nos avis sur la page Google de notre agence ou notre site Internet avant de nous appeler. Parfois même, ils nous contactent pour la première fois via le formulaire contact du site ou bien par mail. Ils sont plus nombreux que ce que l’on pense à savoir faire des recherches sur le net ! Ainsi, il faut s’adapter et créer du contenu digital, de la publicité et faire vivre les réseaux sociaux pour les toucher. Cependant, une proportion encore importante, surtout en milieu rural et souvent pour les plus âgés, se sert du papier et lit les journaux auxquels ils sont très attachés.

Quelle serait la plus belle rencontre que vous avez faite dans l’immobilier ?

Les plus belles rencontres humaines, je les ai faites dans le viager. Je ne crois pas qu’il y en ait une plus belle que les autres, mais lorsqu’on passe quelques heures avec des personnes qui ont un vécu, une histoire et un tas d’anecdotes, souvent ça marque. Ces échanges laissent des traces et on repart sans doute avec un morceau de philosophie de vie et de sagesse. Les plus belles rencontres, nous les créons entre vendeur et acquéreur, qui parfois tissent un lien amical très fort et se contactent régulièrement. C’est ce qui rend l’investissement viager très humain et éthique.

En tant que spécialiste de la vente en viager, qui sont les acquéreurs de ce type de biens ?

Souvent, il s’agit d’investisseurs qui souhaitent se constituer un patrimoine immobilier dans le temps, sans avoir de tracas locatifs ni de hausse de leur impôt sur les revenus fonciers. Ils ne perçoivent pas de revenus puisque ce sont eux qui paient une rente. En achetant en viager, ils sont sûrs que la personne qui reste habiter chez elle continuera à bien entretenir son bien. Aussi, le côté éthique du viager leur plaît généralement beaucoup : il y a plus de sens à verser une rente viagère qui va améliorer le quotidien d’une personne que d’alimenter une assurance-vie ou des placements boursiers en banque… En raison de l’affect important lié au viager, autant du côté de l’acquéreur que du vendeur, nous vivons régulièrement de très belles histoires. Les vendeurs mettent un visage sur la personne qui va récupérer leur maison à laquelle ils sont très attachés. Une belle vente en viager est avant tout une rencontre, une histoire humaine !

Après une multitude de confinements, comment voyez-vous évoluer ce secteur d’activité ?

Les confinements ont créé l’euphorie dans la transaction immobilière et plus généralement dans l’ensemble du secteur. Les prix sont partis à la hausse rapidement un peu partout en France. Je crois qu’il s’agit d’une euphorie passagère, puisqu’aujourd’hui la réalité montre une décorrélation entre le pouvoir d’achat immobilier et les prix. Avec des salaires moyens, un couple primo-accédant aura du mal aujourd’hui à trouver son bonheur. Peut être que la donne changera courant 2022 et 2023 ? Pour ce qui est du viager, les investisseurs confirment leur appétence pour l’investissement dans la pierre. Le viager est le seul moyen d’investir dans l’immobilier en payant un bien à un prix décoté, sans tracas locatifs et sans alourdir sa fiscalité puisqu’il n’y a pas perception de loyers ! Les seniors qui voient leur pouvoir d’achat diminuer et qui souhaitent plus que jamais bien vieillir chez eux sont également au rendez-vous. Le viager est la solution.

Vous êtes ministre du Logement dans un prochain gouvernement* : que feriez-vous en faveur de l’immobilier et du BTP ?

Je pense qu’une refonte globale va apparaître nécessaire. Nous voyons arriver à grands pas la question des performances énergétiques des logements avec l’apparition des nouveaux DPE plus stricts et des interdictions de louer pour les logements les plus énergivores. Parallèlement à ça, nous avons un secteur du bâtiment en souffrance avec des chantiers en retard à cause de la crise Covid et de la difficulté d’approvisionnement en matières premières. Le peu de surfaces à construire ne suffira pas à combler la demande. Je crois que la tendance tend vers la lutte contre les logements inoccupés et la rénovation de l’ancien. Pour me prêter au jeu, si j’étais ministre du Logement, mes premières mesures seraient de favoriser la rénovation énergétique en développant encore plus les dispositifs d’aides financières aux particuliers et en généralisant à la totalité du territoire le dispositif Denormandie. Le deuxième axe serait de faciliter l’accession à la propriété des primo-accédants et pour cela les moyens sont nombreux : biens à la vente à prix réduits réservés, frais d’acte réduits ou nuls ou encore exonération de taxes foncières pendant un certain nombre d’années… Ce sont des idées qui me passent par la tête, je me pencherai sur la question lorsque le futur président ou la future présidente m’aura contacté pour cette mission !

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*L’interview a été réalisée avant l’élection présidentielle de 2022 : la réponse est dissociée de l’actualité et de tout partisanisme politique.