Illustration (aleslanger / Freepik / ImmoPotam).

Carnac (56) : des menhirs détruits pour une enseigne Mr.Bricolage

Pour permettre la construction d’un nouveau magasin de bricolage, trente-neuf stèles mégalithiques ont été détruites. Beaucoup ne comprennent pas comment un permis de construire a-t-il pu être délivré sur un site qui aspire à être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

A Carnac (Morbihan), la destruction de trente-neuf menhirs sur le chemin de Montauban exaspère au plus haut point les amoureux de ce lieu historique. Pourtant situés sur un site référencé à l’atlas des patrimoines depuis 2015 par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et qui avait pour projet d’être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization), ces trente-neuf menhirs ont bel et bien été détruits à cause d’un permis de construire accordé par la mairie en août 2022 en faveur de la SCI Des Menhirs et de la SAS Bricodolmen (Mr.Bricolage). Si ce permis de construire a pu être délivré, plusieurs étapes avaient pourtant été refusées par la DRAC et par l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) depuis 2014-2015 puisque cette zone était à proximité de vestiges néolithiques découverts en 2009. Malgré cela, le même porteur de projet a formulé une nouvelle demande de permis de construire au même endroit et les services de la DRAC ont fini par donner leur approbation après un examen méticuleux. Pour certains passionnés d’archéologie, cette décision reste incompréhensible : des stèles de plus de 7.000 ans ont pourtant été trouvées dans plusieurs zones avoisinantes.

On parle d’ouvrages entre cinquante centimètres et un mètre chacun. Puisque le temps fait son œuvre, une partie s’était composée en muret, enfouie sous la végétation. […] Ces trente-neuf petites stèles sont situées dans une zone d’activité commerciale, juste à côté de la déchetterie de Carnac. Pas sur une zone de protection de monuments historiques“, se défend la municipalité auprès de Libération. Selon les élus locaux, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un terrain privé occupé par un investisseur privé et que les services de l’urbanisme n’ont pas à interdire un permis de construire si celui-ci répond à toutes les exigences, que ce soit pour un Mr.Bricolage ou n’importe quelle autre enseigne. Les opposants à ce projet rappellent que la loi interdit toute destruction d’un site archéologique et que l’auteur risque de lourdes sanctions (jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 100.000€ d’amendes ou la moitié de la valeur du bien détruit). A Najac (Aveyron), c’est son pont Saint-Blaise datant du XIIIe siècle qui a été massacré esthétiquement