Illustration (Freepik / ImmoPotam).

Le mal-logement en France : un fléau féminin

Dans son dernier rapport annuel portant sur le mal-logement, la Fondation Abbé Pierre met en avant les difficultés traversées par les femmes. Dans cette étude, il en ressort qu’elles sont nettement plus frappées par le mal-logement et plusieurs éléments appuient ce constat.

Pour la Fondation Abbé Pierre, il ne fait aucun doute que la crise du mal-logement en France en 2023 touche principalement les femmes. Dans son rapport annuel, la fondation remarque que les femmes, qui disposent de conditions d’emplois moins bonnes que les hommes et qui ont des revenus plus faibles, sont les moins bien logées et se retrouvent mécaniquement en situation de grande précarité à cause de ces inégalités de ressources financières (en 2021, 28% des femmes en emploi occupaient un poste à temps partiel contre seulement 8,3% des hommes actifs). En cas de séparation conjugale, les femmes sont nettement plus confrontées au choc financier et résidentiel : après une séparation, elles voient leurs revenus disponibles chuter de 20% tandis que les hommes ne perdent que 2,5% en moyenne. Pour les femmes, la séparation est donc synonyme de précarisation. Pour les familles monoparentales (83% de femmes seules avec enfants), 36% d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté : elles sont souvent contraintes d’accepter un logement social avec une seule chambre et la probabilité d’y accéder diminue à mesure qu’augmente le nombre d’enfants dans le foyer. La Fondation Abbé Pierre rappelle que les femmes sont moins propriétaires que les hommes de leur logement : si les logements des ménages en couple sont le plus souvent possédés à parts égales entre les deux conjoints (54%), lorsqu’un seul membre du couple est propriétaire, il s’agit le plus souvent de l’homme (dans 27% des cas contre 15% pour les femmes). L’accès à la propriété se répercute même dans la sphère familiale avec une pratique discriminatoire fréquente de l’héritage auprès des femmes : si les hommes reçoivent des actifs plus structurants (biens immobiliers, actions…), les femmes se retrouvent plus souvent avec une compensation financière de valeur inférieure. Et dans le pire des cas, lorsque les femmes se retrouvent à la rue (elles sont minoritaires parmi les sans-abri), elles restent dans une quête de sécurité qui les amène à déserter les lieux d’accueil de jour : elles sont davantage hébergées chez des tiers mais peuvent se retrouver à réaliser du travail domestique peu ou non rémunéré (garde d’enfants, ménage, cuisine, soin aux personnes âgées…) ou être soumises à des relations sexuelles. La Fondation Abbé Pierre précise que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à ne percevoir ni pension de retraite, ni revenu d’activité : elles se retrouvent à vieillir plus pauvres et plus seules que les hommes.

Jusqu’à présent le sexe a rarement été considéré comme un facteur déclenchant ou aggravant du mal-logement. Pourtant, face au logement, être un homme ou une femme, ou appartenir à une minorité sexuelle, affecte considérablement les risques de subir diverses dimensions du mal-logement et bouleverse la manière même de vivre ce mal-logement“, regrette la Fondation Abbé Pierre dans son rapport annuel sur l’état du mal-logement en France. L’an dernier, dans son rapport annuel, la Fondation Abbé Pierre pointait du doigt l’action du gouvernement en matière de logement durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, reprochant des mesures autour du logement bien plus bénéfiques aux plus aisés qu’à ceux qui en avaient le plus besoin.

Emma Petit-Berthelot

Contributrice pour ImmoPotam.com. Sujets de prédilection : emploi, Ile-de-France, ancien / récent, loi Carrez, prêt classique... Tous ses articles