Illustration (Victor Tonelli / OECD / Flickr).

Livret A : Bruno Le Maire confirme un taux à 3% pendant dix-huit mois

Si le taux du Livret A aurait dû être réactualisé au 1er août 2023, le gouvernement et la Banque de France ont fait le choix de le maintenir à 3% pour préserver les banques et soutenir la politique de logements sociaux. En contrepartie, ce taux doit être bloqué jusqu’au 1er janvier 2025.

Au 1er août, le taux du Livret A aurait dû être réactualisé en tenant compte de la moyenne semestrielle de l’inflation. A travers ce calcul, le taux théorique aurait dû être réajusté à 4,1% tandis que les spécialistes de l’épargne réglementée s’attendaient à une dérogation pour permettre un compromis à 3,5%. Contre toute attente, le ministère de l’Economie et des Finances ainsi que la Banque de France ont décidé de maintenir le taux du Livret A à 3%. Pour rendre la situation plus acceptable, le gouverneur de la Banque de France s’engage à ce que ce taux soit proposé pendant dix-huit mois (soit jusqu’au 1er janvier 2025). Pour un particulier ayant atteint le plafond maximal de son Livret A (22.950€), le manque à gagner est de 229,50 euros par an. Pour justifier ce taux non réactualisé, Bruno Le Maire voulait surtout apporter un soulagement aux établissements bancaires puisqu’une hausse d’un point du Livret A leur aurait coûté 2,2 milliards d’euros et qu’il n’était pas question de cannibaliser l’assurance-vie en faveur de ce produit d’épargne populaire. De même, en maintenant le Livret A à 3%, ce sont les bailleurs sociaux qui respirent : la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), qui voit ses prêts à taux variables indexés sur le Livret A, aurait dû supporter une charge d’intérêts alourdie de 1,4 milliard d’euros supplémentaires. Le gouvernement a donc choisi de soutenir le logement social et le développement local en faisant le pari que l’inflation serait transitoire…

Nous avons décidé de maintenir le taux à 3%. […] Pourquoi ? Pour des raisons d’intérêts économiques nationales. Lorsque le taux du Livret A augmente, c’est le coût du crédit immobilier qui augmente. Personne n’a envie de voir son coût de crédit immobilier augmenter, y compris les détenteurs de Livret A qui peuvent être acheteurs d’un bien immobilier. Ca augmente le coût du crédit pour les PME qui ont besoin d’investir. Et ça augmente aussi le coût du crédit pour le logement social : ce sont des dizaines de milliers de logements sociaux en moins quand on augmente le coût du Livret A. […] Il y a aussi une bonne nouvelle, parce que j’ai parfaitement conscience que 3%, certains me diront ‘c’est moins que l’inflation’. Nous avons pris une décision majeure, une bonne nouvelle : ce taux de 3%, il sera maintenu pendant un an et demi, pendant dix-huit mois au lieu de six mois. Et il y a fort à parier, comme l’inflation baisse, que le taux du Livret A allait baisser“, a expliqué Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances, lors de son passage sur le plateau de TF1. A l’occasion du Conseil National de la Refondation (CNR) dédié au Logement, le gouvernement avait annoncé sa volonté de s’appuyer sur la CDC et Action Logement pour racheter du stock aux promoteurs et répondre aux besoins en logements des ménages. Quelques jours plus tard, une convention était signée par Action Logement pour la période 2023-2027 afin de faire face à la réelle urgence en matière de logements sociaux.

Emma Petit-Berthelot

Contributrice pour ImmoPotam.com. Sujets de prédilection : emploi, Ile-de-France, ancien / récent, loi Carrez, prêt classique... Tous ses articles