Illustration (SLPix / Pixabay / ImmoPotam).

L’Etat n’est pas à la hauteur pour l’entretien de ses ponts

Depuis 2019, les pouvoirs publics s’intéressent à l’état de nos ponts partout en France. Le CEREMA a dévoilé le premier volet du Programme National Ponts et, s’il admet que 4% des ponts présentent des problèmes de sécurité immédiate du fait de désordres graves sur la structure, seulement 800 d’entre eux vont bénéficier de subventions pour réaliser ces travaux.

Après le dramatique effondrement du viaduc Morandi à Gênes (Italie), qui avait fait quarante-trois morts en 2018, les sénateurs avaient demandé un rapport pour faire un état des lieux des quelques 250.000 ponts que l’on recense en France. Dans la foulée, France Relance débloquait 40 millions d’euros pour financer le premier volet du Programme National Ponts sous la houlette du Centre d’Etudes et d’Expertise sur les Risques, la Mobilité et l’Aménagement (CEREMA), un organisme public rattaché au ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires. 11.540 communes métropolitaines ont pu bénéficier de ce dispositif pour être accompagnées dans la gestion et l’entretien de leurs ponts. Pendant trois ans, vingt-neuf bureaux d’études ont été mobilisés et ont pu recenser 45.894 ouvrages (dont 29.314 ponts et 16.581 murs de soutènement routiers). Dans son rapport, le CEREMA note que 25% des ponts et 14% des murs présentent des désordres structuraux significatifs ou majeurs, 10% des ponts présentent des problèmes de sécurité nécessitant une action immédiate et 4% des ponts présentent des problèmes de sécurité immédiate du fait de désordres graves sur la structure. A l’occasion de son passage devant la commission de l’aménagement du territoire, Pascal Berteaud, le directeur général du CEREMA, a confirmé que 800 ponts environ allaient bénéficier de subventions pour la réalisation de travaux. Une enveloppe de 55 millions d’euros a été débloquée pour réaliser des diagnostics et 55 millions d’euros doivent aider les communes à financer les réparations de leurs ouvrages les plus dégradés, notamment ceux présentant un enjeu majeur de sécurité. Dans leur rapport, les sénateurs réclamaient une aide de 130 millions d’euros par an pendant dix ans pour permettre aux collectivités locales de lutter contre le mauvais état structurel de leurs ponts.

La situation s’améliore un peu et le temps nous rattrape parce que les ouvrages étant de plus en plus anciens, de nouvelles dégradations apparaissent. […] On en revient toujours à la question de l’arbitrage budgétaire. Dans une petite commune rurale, quand il faut choisir entre l’école et le pont, le choix est vite fait“, reconnaît Sylvain Laval, maire de Saint-Martin-le-Vinoux (Isère) et co-président de la commission Transports de l’Association des Maires de France (AMF), auprès de l’AFP. Dans un second temps, entre 2023 et 2025, le PNF II recensera les ponts auprès de 3.269 nouvelles communes métropolitaines et intégrera les DOM-TOM-COM. L’an dernier, le pont Saint-Blaise (Najac), qui avait été accidenté par des véhicules militaires, a pu être rénové, pour un rendu tellement éloigné des attentes de la population.

Emma Petit-Berthelot

Contributrice pour ImmoPotam.com. Sujets de prédilection : emploi, Ile-de-France, ancien / récent, loi Carrez, prêt classique... Tous ses articles