Bérengère Dubus (UIC) tacle les banques et leur produit d’appel
Ces dernières années, les banques ont pris pour habitude de se servir des taux d’intérêts comme un produit d’appel pour conquérir ou fidéliser des clients. Mais pour Bérengère Dubus, la fondatrice de l’Union des Intermédiaires de Crédit (UIC), ce système ne peut plus durer : les banques ont certes besoin de rentabilité mais cela ne peut pas se calculer sur le potentiel du client et tous les services annexes qui pourraient lui être distribués (moyen de paiement, assurances, épargnes et prévoyances).
Jusqu’au troisième trimestre 2021, les taux d’intérêts en France n’avaient jamais été aussi bas (avec un taux moyen à 1,03% en octobre 2021 selon L’Observatoire Crédit Logement / CSA). Depuis plusieurs années, toutes les banques françaises ont bien compris que le crédit immobilier n’allait pas servir leurs politiques de marges mais que ce serait davantage un moyen pour conquérir ou fidéliser des clients. A travers des taux attractifs, tout l’enjeu était de proposer une multitude de services annexes pour limiter le manque à gagner sur la distribution de crédits afin de rentabiliser un moyen de paiement, des conditions d’assurances, des produits d’épargnes et de prévoyances. Dans cette optique, les établissements bancaires faisaient aussi le pari de la lourdeur administrative à la Française en estimant que les clients ont plus de mal à changer de banque une fois le crédit immobilier accordé, contrairement à un opérateur téléphonique où le changement peut se faire en quelques clics. Interrogée par BFM Business, Bérengère Dubus, la fondatrice de l’Union des Intermédiaires de Crédit (UIC), a ouvertement critiqué cette stratégie commerciale en pointant du doigt les banques qui sélectionnaient très clairement leurs clients avec leur potentiel de rentabilité à plus ou moins long terme. Elle a aussi salué les banques qui ont des valeurs sociétales et qui œuvrent dans l’intérêt général de l’économie en veillant à prêter de l’argent. Pour remédier à cette situation ubuesque, contre-productive et clivante, elle admet qu’un taux d’intérêt trop bas ne peut pas être rentable pour un établissement bancaire mais prône un juste prix pour leur permettre de gagner de l’argent sur le crédit immobilier sans qu’elles aient à se rattraper sur ces services annexes. Avec des taux et des conditions de financements réalistes, tout l’enjeu est de permettre à la population d’accéder au crédit immobilier sans discrimination ou jugement arbitraire.
“Alors je pense qu’aujourd’hui, je vais être claire et je vais dire des noms : il y a des banques nationales (la BNP, la Société Générale…) qui n’ont jamais été très intéressées effectivement pour financer les classes populaires, les familles et qui ont totalement arrêté l’octroi de crédits. Il faut aussi noter que les banques régionales et les banques mutualistes, je le dis aujourd’hui et je les remercie, jouent le jeu. L’UIC peut avoir des désaccords avec certaines pratiques bancaires, c’est vrai. Mais par exemple, reconnaissons que dans les territoires, les caisses du Crédit Agricole octroient des crédits sur des critères qu’on va dire justes, sur des taux d’endettements et de l’apport, mais il n’y a aucune discrimination sur les typologies et les revenus des clients. Le Crédit Mutuel, qui a toujours eu ses valeurs sociétales, pareil. Il y a les caisses Banque Populaire, la Caisse d’Epargne qui font. Mais il y a certaines banques qui assument totalement de ne pas vouloir prêter à des gens qu’elles ne jugeront pas rentables dans les années à venir. En fait, c’est tout le nœud du crédit immobilier : les banques ont fait du crédit immobilier un produit d’appel, c’est-à-dire qu’on fait un crédit pas très cher mais derrière, le client, on lui refourgue des assurances-emprunteurs, des assurances-habitations, des comptes-épargnes, des prévoyances, etc. Donc finalement, certaines banques se disent ‘faire un crédit aujourd’hui à quelqu’un qui ne va pas avoir des fortunes à placer, ça ne nous intéresse pas’. C’est tout le système qui s’est déréglé depuis dix ans. Peut-être qu’il faut que le crédit soit vendu au juste prix pour que la banque gagne de l’argent sur le crédit en temps que tel. Et que ce ne soit plus un produit d’appel parce que cette notion de produit d’appel, je trouve qu’aujourd’hui, ça pénalise énormément les familles“, déplore Bérengère Dubus, la fondatrice de l’Union des Intermédiaires de Crédit (UIC), lors de son passage sur BFM Business. Pour le mois d’avril 2023, la Banque de France a dévoilé les nouveaux barèmes pour le taux d’usure : les établissements bancaires doivent respecter un taux maximum légal limité à 3,72% pour un prêt à taux fixe sur une durée inférieure à 10 ans, 4,09% pour un prêt à taux fixe sur une durée comprise entre 10 et 20 ans et 4,24% pour un prêt à taux fixe sur une durée supérieure à 20 ans.
Faire appel à un professionnel pour obtenir son financement
- Immobilier : les vendeurs ne sont pas prêts à toutes les concessions - 2 juin 2023
- Damien Hereng (FFC) répond à Emmanuel Macron - 23 mai 2023
- Un député veut mettre en place un contrôle technique du logement - 22 mai 2023
ImmoPotam collecte ses données et délivre une analyse auprès des sources qu'il considère les plus sûres. Toutefois, l'utilisateur reste le seul responsable de leur interprétation et de l'utilisation des informations mises à sa disposition. Ce contenu n'a aucune valeur contractuelle et ne constitue en aucun cas une offre de vente ou une sollicitation d'achat de valeurs mobilières ou d'instruments financiers. La responsabilité d'ImmoPotam ne saurait être engagée en cas d'erreur, d'omission ou d'investissement inopportun. Ainsi, l'utilisateur devra tenir ImmoPotam, ses annonceurs et ses contributeurs indemnes de toute réclamation résultant de cette utilisation.
Tout achat et investissement comportent des risques pour l'utilisateur susceptibles de remettre en cause l'équilibre économique de son opération (mensualités, conditions d'assurance, vacance du bien, variation du loyer, impayés, revente, frais de gestion, charges de copropriété, changement de la fiscalité, risque de perte en capital lors de la revente…). L'utilisateur doit apprécier ses engagements tout en mesurant les risques fiscaux, financiers et juridiques au regard de sa situation financière et patrimoniale. Le non-respect des engagements ayant bénéficiés d'une aide (PTZ, TVA réduite, Pinel…) et/ou d'une subvention (Action Logement, 1% logement…) entraîne(nt) la perte du bénéfice des incitations fiscales et peu(ven)t être récupérables.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager.